Les Ehpad vont vivre une mutation profonde dans les cinq années à venir. Les hommes, les outils, les processus, vont devoir s’adapter à la nécessité d’accompagner le vieillissement de la population dans les différents lieux de vie.
En 2025, les groupes d’Ehpad, spécialiste de la gérontologie, ne seront plus que des gestionnaires de bâtiments mais deviendront des offreurs de services pour bien vieillir dans tous les lieux de vie (hôpitaux, SSR, domiciles, hôtels…) et les acteurs de ce changement devront recruter des profils innovants ayant la culture de la révolution numérique. Les Ehpad auront deux choix : rester dans la logique d’une offre intra établissement et s’intégrer à l’offre d’un gestionnaire de services du « bien vieillir » ou devenir LE gestionnaire d’une offre de services du bien vieillir mise en œuvre au sein de l’établissement et surtout à l’extérieur de celui-ci.
Le care manager aura alors un rôle de coordinateur d’une offre incluant des aides humaines, des aides chimiques (les médicaments) et des aides numériques.
Les Ehpad devront donc soit gérer eux-mêmes une organisation humaine mobile avec l’aide du numérique, soit proposer en son nom l’organisation d’une autre société, soit se cantonner à son métier d’origine en étant « uberisées » par un care manager incluant l’Ehpad dans son offre de service.
Dans les deux premières formes, l’Ehpad disposera d’un panel d’aides numériques qui viendront, jour après jour, enrichir et adapté l’offre de services proposées en chambre et à distance. Le numérique ouvre la voie à de nouveaux modèles économiques sous la forme d’abonnements évolutifs avec une base et des options.
L’Ehpad deviendra alors le lieu de vie expert pour gérer la fin de vie et la démence. Les séjours seront, pour la plupart, très courts (inférieurs à 6 mois). La transition pour atteindre ce dernier lieu de vie sera plus douce à la fois pour les proches, les aidants et pour la personne âgée. L’ensemble des services disponibles suivront le bénéficiaire très fragilisés dans ses différents lieux de vie jusqu’à l’Ehpad.
Mais cela implique des changements profonds.
Le numérique au coeur de cette transformation
Le numérique est au cœur de cette révolution pour couvrir l’ensemble des lieux de vie et proposer des services à des prix acceptables. Cette offre sera ultra personnalisée pour évoluer avec l’autonomie des bénéficiaires.
De nouveaux métiers apparaîtront et les acteurs de ce changement seront incités à innover au risque sinon d’être cannibalisés par d’autres acteurs « digital native » (ayant mis le numérique au cœur de leur offre dès leur création).
Une communication entièrement repensée pour assoir ce nouveau positionnement
Les Ehpad indépendants devront se regrouper. Les grands groupes devront revoir leur communication quitte à changer de nom pour faire disparaître leur image de « lieu de vie mouroir ».
L’Ehpad gèrera, ou se positionnera dans, un continuum de lieux de vie coordonné ou le numérique accompagnera l’humain pour une offre de services enrichie. Comme dans toute révolution, le premier à faire le pas sera le leader de demain avec une possibilité d’étendre son offre bien au-delà de ses territoires actuels.
Une organisation humaine orientée services
A terme, le gros du chiffre d’affaires se fera hors Ehpad. L’offre « bien vieillir » reposera sur des hommes et des femmes mobiles et sur des solutions numériques offrant des services en distanciel. L’évolution des métiers et donc des process est le plus gros des challenges pour les Ehpad souhaitant une place dans ce nouveau monde. Et cela implique aussi des opportunités.
Autre exemple aux Etats-Unis, avec le Centre National de Formation et d’Education à la Simulation du Département de l’Administration Sanitaire des Vétérans, qui soigne près de 9 millions de personnes au sein de 170 hôpitaux et plus de 1 000 cliniques. Ce réseau s’appuie sur l’IA pour créer une expérience patient plus personnalisée, basée par exemple sur des services de localisation à l’intérieur des bâtiments avec des bracelets Bluetooth à faible énergie (BLE) qui déclenchent l’ouverture et la fermeture des portes, afin de leur donner plus de liberté dans leur espace de vie tout en assurant leur sécurité.
Revalorisation des métiers associés à l’EHPAD
Cette révolution est une véritable opportunité RH pour réduire le turnover. Un accompagnement à la gestion du changement sera nécessaire sachant que le personnel devra être impliqué dès le début dans le développement des outils numériques.
Il est probable que des « écoles » internes aux grands groupes voient le jour pour assurer ce changement majeur.
Un marché qui va être multiplié par 10
Alors que le marché des Ehpad est considéré à ce jour comme confidentiel, il va prochainement dépasser le marché du médical ou de l’hôtellerie.
Le Care Manager ne sera plus un gestionnaire de bâtiments mais un gestionnaire de services. Le « patient âgé » deviendra acteur de sa santé et de son bien vieillir. Les aidants auront un rôle clair, identifié et reconnu. Les lieux de vie durant ce parcours seront identifiés et labellisés comme « senior ready » ; à même d’accueillir une personne âgée. Les prestations/aides au sens large (humaines, chimiques, numériques) seront un mixe de services. Les aides numériques ne seront plus vendues mais proposées sous la forme d’abonnements incluant à la fois la garantie de bon fonctionnement et la garantie d’évoluer en fonction de l’autonomie du bénéficiaire, de la proximité des aidants et du niveau de labellisation du lieu de vie.
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